En novembre dernier, les assureurs-vie ont affiché une collecte négative pour le neuvième mois successif depuis le début de l’année. La décollecte sur cette période s’élève à 30 millions d’euros, selon la Fédération française de l’assurance. Néanmoins, il s’agit d’une nette embellie par rapport aux chiffres du confinement (plus de 2 milliards d’euros de décollecte).
L’assurance vie est traditionnellement connue comme le produit préféré des épargnants français. Depuis la pandémie de Covid-19, cette affirmation ne tient plus qu’au total de l’encours dans le secteur. Les ménages ont désormais tendance à se détourner de ce type d’épargne. D’ailleurs, les résultats de novembre ont encore confirmé ce constat.
L’encours des assureurs-vie est actuellement évalué à 1 785 milliards d’euros. En revanche, le montant de la collecte se révèle plus favorable au Livret A. Ce dernier a en effet engrangé 3,1 milliards d’euros en novembre dernier. Malgré la décollecte, la FFA reste optimiste en soulignant la réduction de l’écart avec l’équilibre depuis quelques mois.
Une conséquence indirecte des UC obligatoires
Au-delà des retombées directes de la pandémie, cette décollecte persistante s’explique aussi par la défiance des ménages à l’égard des UC (unités de comptes). Les épargnants préfèrent en effet éviter tout risque financier en cette période de crise. Or, ces produits n’offrent pas de garantie de capital, comme les fonds euros classiques. Les ménages privilégient ainsi les placements plus sécuritaires.
Pour rappel, les assureurs-vie exigent un quota minimum d’UC sur les contrats des clients depuis quelques années. Cette politique permet de limiter l’impact des taux faibles sur la rentabilité de leur activité. De ce fait, l’épargne des assurés sera protégée des pertes de capitaux seulement sur la partie investie en fonds euros. L’argent versé dans les UC, en revanche, sera exposé aux aléas de la conjoncture financière.
La réaction des épargnants a inévitablement eu un impact significatif sur le volume total de la collecte. En effet, les foyers les plus prudents se sont détournés de cette ancienne valeur refuge. Ils misent désormais sur les produits réglementés, comme le Livret A. Malgré tout, les grands assureurs assument cette décision stratégique. D’après un professionnel du secteur, relayé par Les Echos :
Les assureurs sont prêts à sacrifier une partie de la collecte pour maintenir les UC au-dessus de la barre des 30 %. Au final, cela pèse moins sur les comptes que d'avoir une collecte plus forte, mais uniquement en fonds euros.
Cette démarche a effectivement eu des résultats concrets. Les UC représentent désormais 34 % du total des versements, contre 27 % l’an dernier. Ainsi, ces supports ont réussi à accumuler 35,3 milliards d’euros, dans un contexte de baisse continue de la collecte.
Un secteur pénalisé par la conjoncture sanitaire et économique
Les assureurs-vie ont subi une décollecte continue entre mars et novembre dernier, en raison de la crise sanitaire. Selon les spécialistes, la formule préférée des épargnants français n’a jamais enregistré de résultats négatifs sur une aussi longue période. Concrètement, le volume des retraits a dépassé le montant total des versements. Le recul cumulé se chiffre à 7,3 milliards d’euros depuis le début de l’année.
Le secteur a pourtant enregistré une collecte positive atteignant les 21,9 milliards d’euros l’an dernier. Néanmoins, il est important de relativiser les chiffres de novembre, vu le contexte. D’ailleurs, les acteurs du secteur ont affiché des résultats négatifs nettement plus marqués les mois précédents. La décollecte de septembre était, par exemple, de 600 millions avant de passer à 200 millions d’euros en octobre dernier.
Ainsi, la collecte dans le secteur se rapproche progressivement du point d’équilibre. Il s’agit d’une tendance encourageante, malgré la crise. En effet, la décollecte a atteint respectivement 2,2, puis 2,3 et 2,3 milliards d’euros, en mars, avril et mai dernier. Cette période correspond à l’instauration du confinement en France. Les épargnants ne pouvaient donc pas circuler librement.
Pour la Fédération française de l’assurance, cette situation permet d’expliquer la décollecte depuis le début de la crise sanitaire. Les restrictions de déplacement ont empêché de nombreux clients d’effectuer des versements. Pourtant, la plupart des assurés préfèrent se rendre auprès des caisses pour procéder à cette transaction.
Au final, la collecte a chuté, contrairement aux retraits souvent réalisés à distance. Cette tendance vient également de la recherche d’une plus grande liquidité en période de crise, selon les analystes. Les Français prudents préfèrent ainsi miser sur le Livret A ou les comptes courants.