En assurance vie, la mise en œuvre du concept de « value for money » marque une rupture dans les logiques de référencement des fonds. Héritée des pratiques anglo-saxonnes, cette méthode impose une stricte évaluation du rapport entre frais appliqués et rendement obtenu. Bien qu’elle vise à renforcer les mécanismes de protection des épargnants, elle a profondément modifié les conditions d’accès au marché pour de nombreux gestionnaires d’actifs.
Un encadrement des unités de compte
Initiée dès 2022 sous l’impulsion de la Banque de France et de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), l’adoption du principe de « value for money » a donné lieu à une révision approfondie des unités de compte intégrées aux contrats d’assurance vie.
Ce processus a mis en lumière les écarts significatifs entre les frais pratiqués et la rentabilité réelle de certains fonds. Lorsqu’un déséquilibre flagrant était observé — en particulier quand les tarifs excédaient de plus de 33 % la moyenne sans justification de performance —, les assureurs ont été invités à retirer les supports concernés de leur offre.
L’opération de réévaluation a débouché sur une profonde révision de l’offre commerciale : 11 % des unités de compte ont été jugées non conformes aux exigences, entraînant leur exclusion ou une réduction imposée de leurs commissions.
Impact structurel sur la gestion d’actifs
La logique d'optimisation des frais avantage les épargnants mais affaiblit les petites sociétés de gestion spécialisées, incapables de rivaliser avec les fonds indiciels en termes de coûts. La grille d'évaluation des assureurs, insuffisamment nuancée, pénalise ces fonds, particulièrement en périodes boursières défavorables. Les fonds « small et mid caps » subissent des retraits importants, tandis que les ETF à faibles coûts gagnent en popularité, compromettant la diversification des investissements en Europe.
Vers une standardisation de l’allocation
Important La sélection fondée sur le critère du rapport entre frais et performance favorise progressivement un recentrage vers des produits peu coûteux, largement dominés par les ETF indexés sur les grandes capitalisations américaines.
Bien que cette orientation promette une efficacité accrue, elle soulève des questions en raison de la concentration des investissements sur peu d'actifs et de régions. Des initiatives comme le label « Finance Europe » visent à rediriger l'épargne vers les entreprises du continent, mais sont limitées par l'exclusion des fonds en euros et des produits structurés des méthodologies d'évaluation. Intégrer ces segments permettrait une analyse globale.
Cet enjeu dépasse la France; la Commission européenne pourrait appliquer cette approche à tout le marché européen. Les décisions futures doivent concilier transparence et gestion active diversifiée pour maintenir la vitalité des marchés.
- L’adoption du principe « value for money » en assurance vie a profondément transformé la sélection des fonds en privilégiant un contrôle strict des frais par rapport aux performances.
- Lancée par la Banque de France et l’ACPR, la démarche a entraîné l’exclusion de 11 % des unités de compte, affectant surtout les fonds spécialisés et de taille moyenne.
- Ce mouvement favorise les ETF à faible coût, mais soulève la question de la concentration des investissements.
- Des initiatives émergent pour préserver la diversité et soutenir l’économie réelle européenne.