Le montant des assurances-vie non réclamées est exorbitant, à raison de 5,4 milliards d’euros à la fin du mois de décembre 2015. L’application de la loi Eckert depuis le début de l’année 2016 a amplifié ce chiffre. Les pouvoirs publics mettent la pression sur les établissements assureurs pour activer les recherches des bénéficiaires.
En assurance-vie, le nombre des contrats en déshérence augmente fortement. Si leurs encours remontaient à 5,4 milliards d’euros au 31 décembre 2015, ils se sont certainement accrus depuis la mise en vigueur de la Loi Eckert en janvier 2016. Le dispositif ne s’arrête pas là pour autant, car les compagnies d’assurances ont l’obligation de retrouver les titulaires de l’assurance-vie ou de ses ayants droit, le cas échéant.
L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) met d’ailleurs la pression sur ces organismes, par l’application d’une amende, d’une pénalité en cas de retard du règlement, et par l’exigence d’un compte-rendu sur les recherches réalisées.
Dans cet objectif, l’agence Generali France déploie une technologie innovante pour la faire avancer dans ses recherches. L’Intelligence Artificielle pourrait s’avérer prometteuse.
Lancement de Watson d’IBM, un programme fraîchement testé
Le nombre des contrats en déshérence est considérable en assurance-vie. Cette situation est généralement causée par le décès du titulaire. Il arrive que les héritiers de ce dernier ignorent l’existence du contrat, ou qu’ils ne se manifestent pas car la somme à récupérer n’est pas importante, ou que la compagnie d’assurances elle-même ignore le décès de son client. À la fin de l’année 2015, le montant des assurances-vie non réclamées s’élevait à 5,4 milliards d’euros.
Face à la pression émise par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) pour retrouver les bénéficiaires, le recours à l’Intelligence Artificielle pourrait être une solution efficace. Dans cette vision, l’établissement Generali utilisera très prochainement le programme Watson élaboré par IBM pour l’aider dans ses recherches.
Testé jusqu’au 30 septembre sur 280 salariés, ce dernier a pu résoudre un tiers de dossiers de plus que lors des recherches classiques. À noter que 20% des dossiers de décès, dont Generali s’occupe, concernent des non-manifestations d’ayants droit.
Le logiciel sera déployé pour optimiser les recherches surtout lorsque celles-ci s’avèrent difficiles. En 2016, la somme remboursée par Generali aux bénéficiaires des assurances-vie ont dépassé les 800 millions d’euros. Toutefois, bon nombre de dossiers de décès tombent encore en déshérence (6%) suite à des enquêtes infructueuses, d’où la nécessité de faire appel à une technologie plus avancée.
Recourir à l’Intelligence Artificielle pour optimiser les recherches
Grâce au projet Watson, l’assureur de renom, Generali, est optimiste dans ses futures recherches. Son responsable de la gestion des contrats d’assurance vie non réglés, Delphine Bigot, explique que :
Watson croise toutes les bases de données dont nous disposons en interne, ce qui nous permet de trouver des liens insoupçonnés avec d’autres souscripteurs, de mieux cerner l’environnement du titulaire du contrat d’assurance. Puis l’outil fait le lien avec des données publiques disponibles sur Internet, en particulier sur Google et sur les sites publics d’avis de décès.
Delphine Bigot.
Les réponses fournies par ce dispositif seraient encore approximatives. Toutefois, Jean-Philippe Desbiolles de la société IBM atteste qu’il s’agit d’un programme apprenant, dont la performance s’affirmera au fur et à mesure de son utilisation. Des pistes inattendues pourraient d’ailleurs s’ouvrir, selon les propos de Delphine Bigot :
Par exemple, lors d’une recherche d’informations sur une assurée décédée, nous avons retrouvé les coordonnées de son conjoint, mais nous avons également identifié que son père était titulaire d’un contrat non réglé, et que nous n’étions pas parvenus à retrouver ce client, car son adresse n’était plus valide. Grâce à ce nouvel outil, nous avons pu régler les deux dossiers en demandant au conjoint l’adresse de son beau-père.
Delphine Bigot.
Si l’efficacité du logiciel annonce un meilleur avenir pour les organismes d’assurances, il n’en est pas autant pour les salariés qui s’inquiètent pour leur poste. Delphine Bigot rassure que :
Watson ne fait pas le travail à la place du collaborateur, il l’assiste dans ses choix, l’aide à s’orienter dans son enquête. Notre objectif est de régler davantage de dossiers, pas de réduire le nombre des collaborateurs qui travaillent sur les contrats non réclamés.
Delphine Bigot.