1,60%, c’est la rémunération moyenne de 2018 estimée par les prescripteurs pour l’assurance-vie en euros. De quoi susciter l’appréhension des Français qui ont déjà à subir les impacts de la hausse de l’inflation sur leur pouvoir d’achat. Il s’avère en effet qu’avec son rendement réel négatif, ce placement à capital garanti ne le sera plus finalement.
Au fil du temps, la somme constituée par les compagnies d’assurance-vie sous forme de participation aux bénéfices, et qui permet de lisser les rendements des supports d’épargne sur plusieurs années, pourrait atteindre un niveau élevé. Ce qui devrait servir à un coussin financier pour les amateurs de ce type de placement, en cas de longue période de baisse des taux, par exemple. Et c’est bien le cas depuis une décennie.
Or, les détenteurs des supports en euros risqueront d’être déçus étant donné que la tendance baissière semble perdurer. Le taux moyen attendu pour 2018 se retrouve à 20 points inférieurs par rapport à celui de l’année dernière, au moment même où les prix à la consommation affichent une majoration conséquente.
Une rétrogradation continuelle
Les contrats en euros font partie des placements les plus plébiscités en France. Cet attachement pourrait être expliqué par leur préservation du capital investi. Mais l’on pourrait également se pencher pour leur rémunération élevée. En effet, la moyenne de cette dernière s’établissait au-dessus de 3% jusqu’à il y a cinq ans (3,90%, par exemple, en 2008 et 3,65% en 2009).
Quoi qu’il en soit, une rétrogradation continuelle a été observée depuis ces dix dernières années. Et malgré les prévisions du cabinet de conseils Facts & Figures sur le fait que l’assurance-vie en euros est arrivée au bout du tunnel et verra son rendement reprendre de l’élan à partir de 2019, la tendance baissière tend à persister. Ainsi, 2018 n’est pas près d’être brillante avec une régression de 20 points de base (à 1,60%).
Les analystes de Good Value for Money se veulent toutefois d’être rassurants, en estimant que les taux finiront par se stabiliser. D’après Cyrille Chartier-Kastler :
Ma vision est qu’on a désormais une forte chance d’avoir un scénario en L avec un atterrissage durable du taux moyen servi sur les fonds en euros à un niveau de l’ordre de 1,20 à 1,30 %.
Cyrille Chartier-Kastler
Un rendement en dessous de zéro
Pour évaluer les rendements des fonds euros, il faut savoir que les intérêts engendrés sont soumis à l’impôt. Sans parler des frais de gestion facturés par certains assureurs. Si bien que la moyenne prévue pour cette année se retrouve à 1,32%, une fois les contributions sociales prélevées.
Et il faut reconnaître que cette rentabilité est factice, si l’on tient aussi compte de l’inflation dont la remontée est estimée à 2,2% sur un an. Autant conclure que les détenteurs de ses supports devront au final faire face à des pertes à hauteur de 0,90% sur leur capital.
Une situation dont le placement pourrait toutefois se sortir étant donné les provisions de participation aux bénéfices (PPB) dont les assureurs disposent. Il faut dire que le niveau de ces réserves est assez important pour permettre à ces établissements de booster la performance de l’assurance-vie en euros. À noter que les sommes mises de côté restent dues aux adhérents, et leur distribution doit être effective, tout au plus, au bout de huit années.