L’assurance-vie a, depuis toujours, détenu la place du favori dans le choix des Français sur leurs produits d’épargne. Mais le contexte actuel a quelque peu ébranlé cette situation. C’est du moins ce qu’ont démontré les statistiques concernant leurs habitudes d’épargne. Il se trouve, en effet, qu’en presque dix ans, c’est la première fois qu’une énorme décollecte a été enregistrée.
Deux milliards d’euros, c’est le seuil qu’a dépassé l’assurance-vie en mars dernier en termes de décollecte. Un résultat qui n’a pas eu sa pareille depuis neuf ans. Et qui apparaît quelque peu contradictoire par rapport à la position de ce produit sur le marché de l’épargne dans l’Hexagone.
Il n’est, en effet, plus à redire qu’en dépit de la tendance baissière continue du rendement assurance vie ces dernières années ainsi que des caprices des actions, le placement est toujours resté le chouchou des Français, avec ses quelque 1 700 milliards d’euros d’encours.
C’est bien la preuve que l’habitude d’épargne de ces derniers a nettement évolué depuis la crise suscitée par la pandémie du Coronavirus.
Une nette régression depuis février
Si la pandémie du Covid-19 et les mesures instaurées pour limiter sa propagation ont notablement bouleversé la perception et les habitudes de la majorité de la population mondiale, le mode d’épargne ne fait pas figure d’exception dans ce contexte. Pour les Français, notamment, où le placement sur les contrats vie semble avoir pris un coup de mou depuis l’arrivée de la maladie sur le territoire hexagonal en février dernier.
En effet, les assureurs vie n’ont pu engranger au cours de cette période que moins de la moitié de la collecte de février 2019, à raison de 1,5 milliard d’euros contre 3,2 milliards d'euros. Pire encore, le mois de mars 2020 s’est soldé par une décollecte de 2,2 milliards d'euros étant donné que les investisseurs ont retiré 11,2 milliards d’euros contre une somme versée s’élevant à peine à 9 milliards.
Certes, l’encours des contrats vie met toujours la barre haute à fin mars, en atteignant 1 741 milliards d’euros, mais il convient d’admettre que cette forte affluence de retraits soulève des questionnements sur le devenir du produit.
D’autant plus qu’il faut remonter jusqu’au deuxième semestre de 2011 pour retrouver un reflux mensuel aussi grandissime, à en croire la FFA (Fédération française de l'assurance).
Le confinement y a largement contribué
La réserve de la part des détenteurs d’assurance vie pourrait provenir de plusieurs raisons. Le contexte actuel en fait principalement partie. Ne serait-ce que de considérer les difficultés qu’éprouvent les gestionnaires de patrimoine dans leur vente de nouveaux contrats d’assurance à cause de mesures barrière, notamment du confinement.
Ce dernier a également provoqué une certaine appétence pour la Bourse chez les épargnants français. En effet, entre la période du 24 février au 6 avril, 580 000 particuliers s’y sont tournés, acquérant des actions du CAC 40 et du SBF 120.
Certes, bon nombre d’entre eux étaient déjà présents bien avant la crise du Covid-19. Pour autant, les nouveaux adeptes ne comptent pas moins de 150 000, selon l’étude de l’Autorité des marchés financiers. À l’AMF de préciser également :
Au total, sur ces cinq semaines, les achats d'actions françaises par des particuliers ont été multipliés par 4 par rapport à la période équivalente en 2019 pour un montant net total de 3,5 milliards d'euros.
L’évolution de la situation financière a, par ailleurs, jeté un froid sur l’affection des investisseurs pour ce type de placement. Il faut rappeler que les Français sont de nature prudente. Or, dans l’objectif de soutenir les entreprises, les autorités de contrôle du secteur financier ont quelque peu « forcé » les épargnants à privilégier les supports à risque (unités de compte). Ce, au grand dam des fonds en euros sécurisés.
Une initiative qui risque de décevoir plus d’un, en début de l’année, du fait d’un grand recul sur les marchés financiers (-23% pour le CAC 40). La baisse de rentabilité, tant pour les contrats en euros que pour les placements en UC, pousse leurs épargnants à se tourner vers des produits plus liquides ou défiscalisés, même s’ils rapportent peu. Le livret A, entre autres, regagne du terrain avec sa collecte de 2,7 milliards d’euros.