La baisse de la rentabilité du fonds en euros ainsi que la recrudescence boursière ont contribué à l’essor des unités de compte à la fin de l’année dernière. Un succès qui n’est pourtant pas prêt de durer en raison de la chute des actions provoquée par le contexte anxiogène du Coronavirus.
Le reflux des unités de compte est inévitable après chaque crise de marché qui, cette fois-ci, relève des conséquences de l’épidémie de Covid-19. En effet, le contexte actuel a accentué les turbulences boursières, pour ne citer que le net recul du CAC 40 - de 38% - en un mois.
Aussi, faudra-t-il patienter quelque temps avant que les épargnants refassent confiance à leurs supports d’investissement.
L’on s’attend alors à un regain de dynamisme pour les fonds à capital garanti bien que leur rendement laisse toujours à désirer. Il faut dire qu’en ce moment, les besoins immédiats des ménages français restent primaires.
Sauf que dans un contexte pareil où la Bourse présente des décotes, la patience est de mise étant donné que les actions se négocient à prix bas.
Le succès de l’UC ne devait être que passager
Les épargnants français ont toujours démontré leur prudence en matière de placement à travers leur choix d’un support plus sécurisé. Cela se reflète d’ailleurs sur la proportion 80/20 de l’encours des fonds en euros à capital garanti et des UC à risques. Quoique ces derniers temps, les contractants soient de plus en plus nombreux à se tourner vers les dispositifs plus dynamiques, propulsant même le taux des UC à 41% en décembre.
La bonne santé des Bourses sur l’année 2019 y était effectivement pour beaucoup. Cependant, les assureurs les ont fortement promus dans le but de transférer le risque sur les investisseurs.
À savoir, une partie des UC correspond à de sous-jacentes actions qui sont soumises à la volatilité des marchés boursiers. D’un autre côté, les épargnants y trouvent leur compte, le rendement assurance vie en euros n’étant plus aussi attrayant qu’avant.
Toujours est-il que la pandémie de Covid-19 a nettement bouleversé la Bourse. Le CAC 40, par exemple, a enregistré un reflux de 38% en un mois. Ce qui devrait susciter une vague de panique chez les épargnants ainsi que de nombreux revirements vers les placements de sécurité. Aussi, la parlementaire Valéria Faure-Muntian a-t-elle fait appel, en mi-mars, à :
La solidarité nationale les actionnaires individuels […] ont leur rôle à jouer pour ne pas concourir à la chute boursière.
Valéria Faure-Muntian;
D’autres chats à fouetter
Il est vrai que le contexte soulève de nombreux questionnements. De nombreux investisseurs se posent d’ailleurs des questions sur l’avenir de leur placement. Une réaction que Guillaume Esseytte, directeur associé du cabinet de gestion de patrimoine Géfinéo, trouve normale. Selon lui, en effet :
Historiquement, après chaque crise de marché, les UC sont en chute. Il faut toujours du temps avant que les investisseurs reprennent confiance.
Guillaume Esseytte;
À Olivier Sentis, directeur général de la MIF, d’ajouter :
On ne peut pas parler d’UC aujourd’hui, pendant quelques temps il faut oublier.
Olivier Sentis;
Pour autant, le HCSF (Haut conseil de stabilité financière) ne se montre aucunement inquiet. Le fait est qu’en cas de menace sur le système financier, la loi Sapin II lui donne le pouvoir de suspendre, pendant une période donnée, les rachats d’assurance-vie. C’est du moins ce qu’a confirmé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le 18 mars dernier.
D’ailleurs, force est de constater que la plupart des ménages sont préoccupés par autre chose : leur situation financière personnelle, qui se trouve chamboulée par le confinement général. Aussi se focalisent-ils plutôt sur leurs indemnités journalières ou encore sur les garanties de leur contrat prévoyance. Quelques exceptions ont été cependant relevées. D’après Guillaume Esseytte :
Certains clients, au vu des incertitudes actuelles, ont besoin de réexaminer leur stratégie et éventuellement d’adapter leur portefeuille. Cela peut avoir du sens d’arbitrer vers des UC moins risquées ou du fonds euros pour augmenter la poche de sécurité à court terme, sur laquelle on ne cherche pas le rendement.
Guillaume Esseytte;
Il a également préconisé la patience, pour ceux qui n’ont pas un besoin immédiat de liquidités :
Si l’on raisonne à long terme, acheter des fonds qui détiennent des entreprises solides à prix décoté peut s’avérer intéressant. On augmente alors la probabilité d’avoir des rendements supérieurs à la moyenne du rendement historique. Mais il ne faut le faire que si on est en capacité psychologique de supporter la grande incertitude sur la valeur des actifs dans les mois à venir.
Guillaume Esseytte